mercredi 31 janvier 2018

Devinettes !

Quelques devinettes, pour vous distraire et vous amuser!

1) je n'ai pas de médecine du travail, je bosse avec des enfants quotidiennement, je n'ai pas eu de "visite médicale" depuis mon entrée dans le métier... il y a quarante ans. Qui suis-je ?

Réponse: ǝɔuɐɹɟ uǝ ǝɹıɐɯıɹd np ʇuɐuƃıǝsuǝ un

2) je ne reçois pas mon bulletin de salaire avant la fin du mois, mais au mieux tous les quatre mois. Qui suis-je ?

Réponse: ǝɔuɐɹɟ uǝ ǝɹıɐɯıɹd np ʇuɐuƃıǝsuǝ un

3) je suis payé comme un malpropre alors que j'ai la responsabilité de 25 à 30 gosses, voire plus, chaque jour que Dieu fait. Qui suis-je ?

 Réponse: ǝɔuɐɹɟ uǝ ǝɹıɐɯıɹd np ʇuɐuƃıǝsuǝ un

4) j'exerce deux métiers en même temps, et mon ministre de tutelle ne se demande même pas comment je peux bien faire. Qui suis-je ?

Réponse: ǝɔuɐɹɟ uǝ ǝɹıɐɯıɹd np ǝloɔǝ,p ɹnǝʇɔǝɹıp un

5) j'ai une classe de trente-deux élèves et il faut en même temps que j'endosse l'organisation comme la responsabilité de tout ce qui ne va pas sur mon lieu de travail. Qui suis-je ?

Réponse: ǝɔuɐɹɟ uǝ ǝɹıɐɯıɹd np ǝloɔǝ,p ɹnǝʇɔǝɹıp un

6)  mon salaire est une plaisanterie, il est le plus bas de toute l'OCDE (personne n'est allé voir ailleurs) pour un cadre avec mes responsabilités. Qui suis-je ?

Réponse: ǝɔuɐɹɟ uǝ ǝɹıɐɯıɹd np ǝloɔǝ,p ɹnǝʇɔǝɹıp un

7) d'après ses déclarations les plus récentes mon ministre de tutelle ne semble pas forcément plus préoccupé que ça par ma situation ubuesque qui fait écarquiller les yeux de ses partenaires européens. Qui suis-je ?

Réponse: ǝɔuɐɹɟ uǝ ǝɹıɐɯıɹd np ǝloɔǝ,p ɹnǝʇɔǝɹıp un

8) ... vous pouvez en imaginer d'autres...

mardi 30 janvier 2018

Que les temps sont difficiles!

Certains ont pu s'étonner du silence de ce blog depuis deux mois. Moi pas, pour la bonne raison que j'y écris la majorité des articles.Et si je me suis tu c'est pour d'excellentes raisons.

La fatigue d'abord, ou/et la lassitude, et/ou le trop-plein. J'ai cette année une classe de 32 élèves, de Moyenne et Grande sections, la Direction de l'école évidemment par-dessus le marché, une journée par mois sans charge de classe. Je suppose que vous connaissez le tableau. Je peux en tout cas vous assurer d'une chose, c'est qu'en aucun cas l'expérience à l'âge que j'ai ne saurait pallier l'énergie dépensée dans ces conditions. De l'énergie je n'en plus guère à revendre. Sincèrement? Je pense à la retraite que j'aurais pu prendre cette année, et que je ne la prendrai pas pour cause de décote monstrueuse. Et pourtant! J'admets humblement mon ras-le-bol après quarante ans d'abnégation au service des élèves que je m'obstine à vouloir faire individuellement grandir, et quarante années d'avalage de couleuvres.

Ce qui m'a fait sortir de mon canapé dans lequel généralement je m'endors épuisé en rentrant de l'école, c'est la réponse de M. Blanquer à la Chambre le 30 janvier, dans un hémicycle vide, à la question de M. le député Lionel Causse sur les "personnels de direction des écoles primaires et maternelles". Une réponse fort étrange , et extrêmement inquiétante. Étrange car j'y apprends avec stupeur que les collectivités locales fournissent une "aide administrative" aux écoles, et que je suis très bien rémunéré pour ce que je fais - ou du moins le Ministre semble-t-il s'en satisfaire -. Inquiétante car M. Blanquer évoque franchement des "expérimentations" qui mettraient les écoles sous la tutelle administrative des collèges. M. Blanquer exprime, soyons justes, que ce n'est pas "la seule piste"... mais c'est bien la seule dont il parle!

Comme si le GDiD et certains syndicats qui nous soutiennent n'avaient pas déjà des solutions prêtes à l'emploi! Comme si notre travail depuis des années ne représentait rien et n'intéressait personne! Nous désirons, nous réclamons, nous voulons par-dessus tout que les écoles restent dirigées par des personnels qui la connaissent, des personnels formés issus du corps des Professeurs d'école qui à notre idée sont les mieux à même d'accompagner un projet d'école, de comprendre les soucis de l'enfance et la petite enfance, ou de travailler avec une municipalité. Que viendraient faire là-dedans des établissements du second degré? D'où sort cette idée ridicule? Même si j'admets qu'elle nous pend au nez depuis plusieurs décennies parce qu'à force de refuser systématiquement toute évolution du statut des Directeurs d'école quelques syndicats que je ne nommerai pas par décence nous l'ont amenée peu à peu.

Inexorablement? Certainement pas. D'abord parce que je suis persuadé que ces "expérimentations " ne fonctionneront pas, que ce sera purement et simplement un joli caillon dont les Directeurs en poste refuseront - je l'espère du moins - d'assumer les scories, ratés et autres méfaits. Ensuite parce qu'il est toujours temps de réagir, et d'exprimer à quel point cette pseudo-idée est une aberration monstrueuse sortie d'une tête administrative qui n'a jamais mis les pieds dans une école (pardon pour l'image osée). Le GDiD le fait et continuera à le faire, les syndicats amis aussi si j'en crois ce que je lis, et même les syndicats réfractaires à notre statut y répondront je crois avec vigueur, à moins de préférer la mort de l'école de proximité à un statut de Directeur d'école.

Il est vrai que le principe de l' "école communale", avec ses écoles maternelles et ses écoles élémentaires, a peut-être vécu. Penser en termes de regroupement d'écoles au sein d'un territoire bien identifié n'est certainement pas une illusion ni une absurdité. Pour autant l'imaginer géré par un collège de secteur... collège qui par ailleurs sort déjà difficilement la tête de l'eau avec une équipe administrative pléthorique - par rapport au primaire j'entends -... On va bien rigoler! Mais qu'ils ne comptent pas sur moi pour réparer leurs erreurs: ce que je fais en bien ou en mal je l'assume, c'est mon rôle, qu'ils le fassent donc aussi. Je suis Directeur d'école, pas factotum d'un quelconque Principal qui se prétendrait débordé. Moi c'est un statut que je veux pour inventer de l'intérieur l'école du XXIème siècle, avec les moyens dont j'aurai besoin pour y parvenir.

Nous ne devons rien lâcher, nous ne lâcherons rien. Nous comptons aussi sur vous pour nous accompagner, pour interpeller vos élus, vos syndicats, pour signaler partout le danger d'une école déconnectée du terrain. Il suffit de voir le souk provoqué dans les petites communes par l'intercommunalité ou la métropolisation pour imaginer que le pire n'est plus très loin.

Que les temps sont difficiles! Remettre sur le billot régulièrement la même forme est lassant, la marteler depuis presque vingt ans aussi. Mais il ne sera pas dit que nous aurons laissé détruire l'école que nous aimons sans réagir ni proposer nos propres solutions.