dimanche 17 septembre 2017

Suppression des aides à la Direction...

Au préalable, il faut rappeler toutes les réserves que le GDiD avait posées lorsque qu’on a prétendu solutionner le problème des Directrices et Directeurs d’école par l’adjonction d’emplois aidés. Mais leur suppression brutale, sans aucune compassion ni compensation et avec comme seule explication le souci économique, montre combien la volonté affichée d’aider les directrices et les directeurs n’était que de la poudre de perlimpinpin !

Malheureusement, constater que les EVS ne sont pas la solution, ne donne pas la solution… La situation professionnelle des directrices et directeurs est à ce point malmenée que le discernement devient difficile et envisager le moyen terme trop laborieux. Dès lors, l’octroi d’un EVS représente un espoir de pouvoir survivre à l’asphyxie par paperasse bureaucratique. Pourtant…

• D’abord, l’humain :

La façon dont l’administration, celle qui est censée nous protéger, joue de ces affectations dans les écoles est effrayante et fragilise le peu de confiance qu’on pouvait encore lui accorder. Nous avons tous eu à vivre le déchirement du départ de l’EVS au bout de ses 2 ans non-renouvelables. Les liens professionnels se sont tissés, élèves, parents, enseignants, élus reconnaissaient la « secrétaire de l’école ». L’Agent avait démontré son efficacité et l’importance du poste… Ben, Ciao ! retour à Pôle Emploi et on recommence à zéro avec un autre.

Que dire lorsque cette séparation nous est imposée subitement avec la violence de l’argument budgétaire ? Certainement pas qu’il faut recommencer !

Le GDiD tient ici à remercier tous les EVS pour leur investissement dans nos écoles et nous leur exprimons notre entière solidarité pour qu’enfin soit reconnu et pérennisé le poste d’un Agent Vie Scolaire dans chaque école. Nous exigeons l’interdiction de rupture unilatérale de ces contrats avec la mise en place de préavis et d’accompagnement vers d’autres solutions.

• Ensuite, la formation :

Par la diversité des tâches et par celles de ses contacts, l’école est le lieu de formation par excellence. Bien entendu que l’on peut accueillir des personnes en recherche d’emploi et leur fournir une expérience professionnelle qualifiante ! Mais pour cela il faut être clair sur son statut, celui de l’école et celui de son directeur. Dans le premier degré nous sommes très loin du compte.

Il existe beaucoup de collèges à 100, 200 voire 300 élèves. Quel est le principal qui accepterait que son secrétariat soit tenu par un emploi précaire ?

L’Emploi Aidé se forme, donc il est en surnombre avec un tuteur, son contrat est qualifiant et si le poste est pérenne on doit lui proposer un CDI. On entend beaucoup l’exemple de ce Maire qui ferme le restaurant scolaire faute d’Emploi Aidé… Il oublie juste qu’il est de sa responsabilité d’embaucher le personnel indispensable pour faire fonctionner ses services. Lui aussi est dans l’argument « économique », sauf que si le recours à ce type de contrat allège les finances municipales, cela alourdit nos dépenses sociales, fragilise l’emploi et, bien pire, les personnes.

Pour l’école c’est pareil. Des emplois statutaires sont indispensables à l’accompagnement de la vie scolaire. Quand on prétend donner une priorité au Primaire, cela doit se traduire par des lignes budgétaires supplémentaires. Ben, pas chez nous. Quand nos décideurs s’aperçoivent de leur carence en termes de formation des EVS, ils demandent aux directeurs d’assumer le rôle de tuteur (les EVS ont-ils vocation à devenir directeur ? Sommes-nous qualifiés pour le conseil en secrétariat ?) et de remplir le document validant leurs acquis… tâches attribuées à un chef de service, sans moyen supplémentaire, même pas celui de la reconnaissance pourtant si peu cher.

Peut-on imaginer un collège fonctionner sans encadrement autre que les enseignants ? Sans pions, sans secrétariat, sans factotum.. ? Non, bien sûr ! Alors pourquoi l’accepter dans nos écoles où toutes les scolarités se jouent ? Pourquoi s’entêter à conserver un système vieux de près de deux siècles, obsolète et déficient ? Système où l’on pourvoit des postes avérés par des précaires employés par d’autres, système où l’on rétribue très mal les enseignants (un des plus bas salaires de l’OCDE) ? Un système où le mot « établissement » n’est que synonyme de « bâtisse » sans contenu juridique (l’école est la seule structure accueillant du public à ne pas avoir de statut) ? Un système enfin qui, malgré les textes règlementaires qui précisent le sens des mots, s’obstine à refuser au directeur le statut de … directeur.

• Enfin, les solutions :

Elles existent et avaient commencé à se mettre en place, mais elles n’ont pas résisté au jeu de chaises musicales des ministres…

- Principe 1 : refuser que des emplois constants soient tenus par des personnels précaires.
- Principe 2 : l’appel éventuel à du personnel précaire se déroule dans les conditions humaines et professionnelles acceptables.

1) l’école doit se doter d’un statut d’établissement, statut qui lui permet l’autonomie indispensable à l’efficacité pédagogique. Tout le monde défend l’autonomie pédagogique de l’enseignant, mais une école ne peut-être que la somme de ses autonomies. L’école doit pouvoir construire un projet qui met en adéquation les consignes nationales et les contingences locales. L’école doit avoir les moyens, budgétaires et humains, de faire vivre son projet.

2) le directeur d’école doit être reconnu pour ce qu’il est : le responsable de l’organisation, des biens et des personnes, mais pas que… Le pilote pédagogique et l’interlocuteur des acteurs locaux. Sa relation professionnelle avec ses « adjoints » enseignants doit être précisée, mais, comme il a autorité sur le personnel non-enseignant (décret 89) il doit pouvoir embaucher des agents de vie scolaire et organiser la formation d’adultes (comme cela est prévu pour le personnel enseignant).

Si on continue à traiter par des moyens hypocrites l’écume des choses quand ça déborde (emplois aidés, rythmes scolaires, PDMQDC ou dédoublement…), on ne fera qu’amplifier les carences du système et le mal-être de ceux qui y travaillent. Malheureusement les premières postures des uns et des autres n’appellent pas à l’optimisme. Notre ministre est en train de reconstruire un clivage qui a déjà paralysé toute évolution dans le premier degré (il n’y a qu’à constater le déclassement des enseignants). On voit bien chacun retourner à ses ritournelles avec une facilité coupable alors que c’est par l’audace et la conviction qu’il faudrait nous mobiliser. Seul un projet ambitieux peut rassembler la profession. Ce projet ne peut être copié sur l’école du siècle dernier, ni sur celui d’avant, ni sur la conservation de l’existant avec « un peu plus de... ». Nous devons nous inspirer de ce qui marche ailleurs et nous servir de l’expérimentation pour progresser. Ailleurs les salaires sont plus haut, les écoles ont un statut juridique et leur directeur est reconnu comme tel !

Le GDiD tient toujours son bâton de pèlerin. Nous continuons notre marche vers l’avant en cherchant, par notre conviction, notre connaissance du dossier, le rassemblement le plus large autour de la reconnaissance concrète du métier de directeur d’école. Même si on sait que la période pré-électorale professionnelle qui arrive mettra notre capacité à l’ouverture à rude épreuve, soyez certains qu’avec votre soutien nous ne lâcherons rien.

Le 15/09/2017,

Isabelle LE GLAS ( Finistère), Alain REI (Bouches-du-Rhône) , Samuel AUXERRE (Puy-de-Dôme), Pierre LOMBARD (Alpes Maritimes), Pascal OUDOT (Côte d’or)

PS:
Parce que l’association n’est dotée d’aucune décharge fournie par le ministère, parce qu’elle ne touche aucune subvention, le seul financement permettant de continuer à défendre les Directrices et Directeurs d’école, c’est la cotisation de nos membres. Vous voulez que notre métier soit reconnu ? Vous êtes les seuls qui se sentent concernés. Unissons-nous pour nous aider nous-mêmes ! Adhérez : http://gdid.education/index.php/adhesion/

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